La semaine dernière, le président de la République a déclenché une nouvelle polémique en évoquant la possible déchéance de la nationalité Française pour les délinquants d’origine étrangère. Sans doute un prélude à la campagne présidentielle en 2012…
Une détestable surenchère sécuritaire
Les raisons de cette surenchère
Comme le souligne Malakine, cette stratégie est purement électorale. Elle a un double objectif. Le premier est clairement de faire baisser (temporairement) la pression sur l’affaire Woerth-Bettencourt et il faut dire que cela a bien réussi puisque les les questions de sécurité sont désormais à la une des médias. Le deuxième est de trouver un angle pour la campagne électorale de 2012. On imagine que Nicolas Sarkozy essaie de répliquer la stratégie gagnante de Jacques Chirac en 2002.
Et, au premier abord, cette stratégie peut sembler gagnante. J’imagine volontiers que l’Elysée a commandé des sondages sur les questions abordées pour vérifier que l’opinion était d’accord avec les propositions évoquées la semaine dernière. En outre, la presse de gauche, en faisant un peu trop facilement l’amalgame avec le Front National est tombée dans le panneau du clivage artificiel que le chef de l’Etat chercher à créer avec une gauche qu’il décrit, pas totalement à tort, comme trop angélique.
Pourquoi cela va échouer
Mais si cette tactique avait fonctionné en 2002, alors que le PS était au pouvoir depuis cinq ans, une telle stratégie semble hautement hasardeuse sachant que Nicolas Sarkozy aura été en charge de la sécurité des Français pendant près d’une décennie. Tout ceci pourrait attirer l’attention des Français sur son mauvais bilan (hausse continue des violences aux personnes depuis 2002). Et si cette grosse ficelle mettait le président sortant en danger sur sa droite ?
Sur le fond, il est difficile de ne pas voir la stratégie de bouc-émissaire que joue la majorité : après les gens du voyage, les immigrés. Ces propositions ne résoudront en rien les problèmes de sécurité, bien plus globaux, mais elles jouent sur la peur. C’est avec un immense plaisir que j’ai lu le communiqué de presse de Nicolas Dupont-Aignan, ferme et mesuré, qui dénonce la stratégie du président sans verser dans les amalgames improductifs d’une partie de la gauche.
A jouer avec le feu, Nicolas Sarkozy va sans doute faire progresser le Front National. Au final, on pourrait presque souhaiter une réplique de 2002 à l’envers. Ce serait une bonne leçon administrée par les Français à ce président racoleur, démagogique et indigne de sa fonction.
Laurent Pinsolle